D’où nous vient cette malicieuse condescendance dont on fait preuve devant les erreurs orthographiques d’autrui ? Croit-on que corriger la mauvaise syntaxe d’un mot permet d’affirmer une quelconque supériorité intellectuelle ? Ne rappelle-t-on pas à l’autre son à l’autre son ignorance ? Je devine dans le regard de quelques correcteurs une certaine fierté dissimulant à peine une moquerie quand ils ont su rajouté le s manquant à la fin du mot.
Beaucoup maitrisent l’orthographe sans maitriser la langue, et beaucoup maitrisent la langue sans maitriser la pensée. Savoir écrire n’est pas penser. Inversement, quelques-uns ne maitrisent ni l’orthographe, ni même parfois la langue, mais savent faire preuve de raison et d’une finesse d’esprit.
L’auteur est lui-même en lutte avec les mots et la syntaxe. Il oublie les règles et les accords, et quand bien même la règle est dans la tête, elle disparait de la feuille, si bien que chaque mot est sujet à l’erreur. Se relire lui est coûteux, et il n’y voit que du feu quand les fautes piquent les yeux. Ce n’est sans dire que j’ai pourtant, depuis le berceau, ingurgité des milliers de livres, livres de jeunesse, bandes-dessinées, romans, œuvres philosophiques, historiques, scientifiques, poétiques, théâtrales, sans compter les revues, les journaux et autres articles. J’ai écris des milliers de textes, romanesques, philosophiques, poétiques, et ce d’autant plus que j’ai fais des études de philosophie et qu’aujourd’hui j’enseigne la langue et ses règles à des enfants. Je fus le premier peiné par ces fautes qui jonchaient à chaque ligne mes copies, de ces documents officiels que l’on doit rendre, et encore aujourd’hui à travers ces Propos que je destine au regard du plus grand nombre. Leur style s’affine et progresse plus vite que ne s’améliore mon orthographe.
Qui pourrait me regarder dans les yeux et affirmer que je n’ai ni un minimum d’intelligence, de culture, de savoir ou encore que j’ai l’esprit étroit, borné et que je manque de vocabulaire ; plus encore, qui pourrait justifier cette médiocrité qu’il m’attribuerait en la liant avec cette difficulté pour faire rentrer l’orthographe dans les mots malgré l’étude de la langue ?
Demandez aux pseudos défenseurs de la langue de justifier leur acte de correcteur et vous y verrez essentiellement un mouvement d’orgueil. C’est qu’à vrai dire, ils n’en savent rien eux-mêmes. Après les avoir interrogé (cf Propos du 01/11/2015), notamment des enseignants chercheurs en littératures, j’ai dû faire mes propres recherche pour trouver une justification qui vaillent la peine de me convaincre, notamment grâce à Alain, avec cette idée que l’orthographe est une marque de politesse envers celui qui vous lis. Rien de plus.
Ecrire, ce n’est pas parler. Or les Propos s’écrivent en flirtant sur la frontière entre l’écriture et l’oral, en cherchant l’équilibre entre la spontanéité de la pensée et sa reformulation. C’est beaucoup mentir, car écrire une pensée, c’est déjà la retravailler, c’est déjà l’avoir fixée, quand la pensée originale, elle, est déjà ailleurs. L’oral, c’est l’expression directe extériorisée de la pensée, ou toute pensée est la formulation interne d’une idée utilisant les structures du langage. Aussi j’essaie d’écrire comme si je parlais. Or mon parlé à quelque chose de campagnard, de rugueux, manquant de raffinement, parfois abrupte, mais visant l’essentiel. L’écrit a un avantage pour celui qui écrit, laissé paraitre une seule idée à la fois quand dans l’esprit les idées fusent. Et c’est tant mieux, surtout pour le lecteur.
16/03/2019
Bon jour,
Un article très intéressant et qui m’interpelle 🙂
Comme vous dites très justement, au deuxième paragraphe : « Inversement, quelques-uns ne maitrisent ni l’orthographe, ni même parfois la langue, mais savent faire preuve de raison et d’une finesse d’esprit. » Et sans être dans la ligne directe de vos derniers mots, je suis dans une direction d’idées de textes en connaissant tout juste le b.a.-ba.
Max-Louis
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